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INFORMATIONS RELATIVES AU BAPTÊME ET À LA CONSÉCRATION DES ENFANTS

Les personnes qui viennent chez les méthodistes libres après avoir fait partie d’autres confessions religieuses sont souvent surprises d’apprendre qu’on y consacre et baptise les enfants. La plupart des familles chrétiennes ont eu à choisir entre ces deux options. Pourquoi l’Église méthodiste libre accorde-t-elle ce choix ?

Afin de clarifier cette question, retournons d’abord aux origines du baptême afin d’en découvrir la signification. Prenons d’abord conscience que les chrétiens ont généralement l’une des perceptions suivantes du baptême, soit « un événement magique » ou « tout au plus symbolique ». Les méthodistes libres croient que la vérité se tient entre ces deux extrêmes.

Quelles sont les origines du baptême ?

Le baptême ainsi que les autres rites religieux qui utilisent l’eau étaient déjà en existence bien avant l’église chrétienne. Les trois pratiques utilisant l’eau qui suivent étaient utilisées par des groupes qui étaient en contact avec l’église primitive.
 
1. La loi de l’Ancien Testament contenait des règles qui exigeaient le bain ou les ablutions. Il serait sage de ne pas dire qu’il s’agissait de rites cérémoniels puisque cette distinction n’aurait pu être faite par les Juifs de ce temps. Les actes religieux externes étaient vus comme ayant une implication spirituelle pour la personne entière. Jésus, Paul, et les auteurs des Écritures n’étaient pas des Nord Américains rationalistes du 20e siècle qui trouvent facile de séparer les actions externes des implications personnelles internes. Plusieurs sortes « d’impuretés» devaient être lavées, purifiées, par le bain ou les ablutions.

2. Chez les Juifs, il existait un groupe qui accomplissait un rituel selon lequel les participants devaient descendre dans une piscine (ou un plan d’eau) pour se purifier et s’engager à être bons, fidèles et vrais, et honnêtes. Cette communauté se retira de la vie juive normale durant le deuxième siècle avant Jésus-Christ et s’établit en une communauté séparée à Qumran, près de la Mer Morte. (Les célèbres Rouleaux de la Mer Morte, découverts dans le désert de cette région, nous parlent de ces coutumes.)

3. De plus, au temps de Jésus, une pratique prenait forme pour l’initiation des Gentils dans la communauté croyante des Juifs. Les Gentils étaient, bien sûr, vus comme des personnes « impures » et cette cérémonie de purification et d’initiation, qui ressemblait quelque peu au baptême tel que nous le connaissons, devint une partie de leur « conversion » au judaïsme. Dans cette religion, à cette époque, le baptême devint le signe du changement par lequel un « étranger » devenait membre de la famille croyante ; le signe de son entrée chez les juifs.

Qu’en est-il du Nouveau Testament ? Les Évangiles nous disent qu’avant le ministère de Jésus, un homme nommé Jean était dans le désert et prêchait le baptême de repentance pour le pardon des péchés. En fait, le quatrième évangile nous dit que certains des disciples de Jésus avaient auparavant été des disciples de ce Jean le baptiste. Les chefs religieux furent outragés par le baptême de Jean. Ils voyaient le baptême comme un acte destiné aux « impurs », aux « étrangers » qui avaient besoin d’être « inclus, acceptés ». En appelant les juifs à être baptisés, Jean demandait à ceux qui exigeaient des « étrangers » qu’ils se soumettent à cette pratique qu’ils « se considèrent eux-mêmes » comme des étrangers ayant besoin de la grâce miséricordieuse de Dieu. Les dirigeants juifs furent scandalisés parce que Jean leur demandait de se soumettre à une pratique qui impliquait qu’ils avaient aussi besoin d’être purifiés et pardonnés !

Mais, Jean insistait pourtant sur le fait que son baptême n’était qu’un rite préparatoire. Le baptême d’eau qu’il administrait n’était qu’une préparation au ministère décisif de Celui qui n’était pas encore venu. Le Messie baptiserait dans le Saint-Esprit.

C’est ce qu’il fit le jour de la Pentecôte. Depuis ce jour jusqu’à aujourd’hui, le message s’adresse à quiconque entend la Parole au sujet de la mort de Christ pour nos péchés tel que Pierre l’a prêchée. Nous lisons dans Actes 2.38 :  « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. » Dans l’ère de l’Église, le baptême caractéristique que Jésus donne est celui du Saint-Esprit, dont l’expression visible est le baptême d’eau.

Quelle est la signification du baptême ?

Étant donné qu’il y avait plusieurs sortes de baptêmes à l’époque de l’église primitive, nous devons nous demander « Quelles sont les significations spécifiques du baptême chrétien ? »

1. Le baptême chrétien a toujours été un moyen visible d’identification à la communauté chrétienne, une façon de dire qu’une personne prenait officiellement sa place au sein de la communauté des croyants. (Cet aspect était fortement souligné dans les baptêmes juifs pour les non juifs.)

Pour la plupart d’entre nous, le baptême n’a rien de scandaleux. Pour plusieurs, il s’agit d’une convention sociale acceptable ; c’est la bonne chose à faire. Ce n’était pourtant pas le cas pour ceux qui venaient à Christ au temps du Nouveau Testament, de même que pour plusieurs aujourd’hui, particulièrement dans les cultures différentes de la nôtre.

Être baptisé signifie abandonner toute autre allégeance déjà existante. Cela signifiait donc souvent être rejeté par sa propre famille et ses amis. Vous pouviez assister à des réunions chrétiennes sans avoir jamais abandonné vos anciennes allégeances. Vous n’étiez pas pour autant considéré comme un vrai chrétien. Lorsque vous acceptiez d’être baptisé, vous brûliez tous vos ponts derrière vous. C’était une façon de vous identifier, de façon irrévocable, à cette étrange bande de personnes qui suivait et adorait comme étant vivant, après être ressuscité des morts, un homme qui avait été exécuté comme un criminel, un homme nommé Jésus. Au temps des premiers chrétiens, vous pouviez entreprendre un cheminement chrétien sans vous compromettre. Après le baptême, toutefois, dans la société de ce temps (et aussi à certains endroits aujourd’hui), vous faisiez « le grand plongeon » lorsque vous vous soumettiez au baptême. Être baptisé signifiait que vous abandonniez tout pour vous identifier à Jésus-Christ et à son Corps, l’Église.

2. Le baptême représente la mort et la nouvelle vie. Paul est celui qui nous a éclairés à ce sujet. Dans ses écrits, à de multiples occasions, il fait le lien entre le baptême et la participation à la mort et à la résurrection de Christ. Au chapitre 6 de l’épître aux Romains, il explique le changement intérieur (et ses conséquences extérieures) qui a été effectué chez ceux qui sont devenus chrétiens. Paul y fait allusion à la perception du baptême qu’ont ses lecteurs. Il leur rappelle que lorsqu’ils ont cru en Christ, ils sont devenus participants à sa mort au péché et à sa résurrection à la nouvelle vie. Quand il dit qu’ils sont venus à la foi en Christ, il faut comprendre que dans l’église primitive le baptême accompagnait cette expérience. La mort de Christ devenait la leur aussi bien que sa résurrection. Ces événements n’étaient pas limités à Jésus et aux années 30 après Jésus-Christ. Ils sont devenus partie intégrante de la vie de ceux qui ont fait confiance à Jésus. Nous ne pouvons que suggérer que les croyants ont été unis à Christ et sont devenus un en lui. L’expression « en Christ » souvent utilisée par Paul fait référence à cela. Dans les premiers jours de l’église, le baptême était étroitement lié à cette mort et cette résurrection avec Christ par lesquelles une personne devient vivante « en Christ ».

3. Enfin, le vrai baptême, ce baptême qui lave vraiment le péché et transmet la nouvelle vie, ne se fait pas dans l’eau (de quelque façon que ce soit). Ce que l’église fait à cette occasion, n’est que l’expression extérieure de ce baptême intérieur dans lequel le Saint-Esprit lave les péchés de ceux qui croient en Christ et les renouvelle à partir de l’intérieur. Il n’y a qu’ « un seul baptême » chrétien (Éphésiens 4.5), mais une manifestation extérieure qui est le baptême et une manifestation intérieure qui est le baptême dans l’Esprit, en Christ.

De nombreux chrétiens utilisent le terme « le baptême du Saint-Esprit » en parlant des expériences subséquentes de l’Esprit dans la vie chrétienne. Cependant, ce sujet n’est pas celui que nous traitons ici. Nous utilisons ces mots dans leur sens fondamental en rapport avec ce que le Saint-Esprit fait lorsque nous devenons chrétiens. I Corinthiens 12.13 dit : « Car nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit, pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit. »

Comment sommes-nous parvenus aux points de vue différents?

Ce qui précède nous aide à réaliser qu’il y a plusieurs dimensions au baptême tout comme il y a plusieurs façons de venir à Christ. Le baptême, aussi bien que l’autre sacrement, le repas du Seigneur, n’est pas complètement compréhensible pour de simples humains, particulièrement si on tient compte de notre chute. Essayons donc de résumer ce qui semble avoir été produit.


Dans les premiers jours de l’église, la bonne nouvelle au sujet de la nouvelle vie en Jésus était prêchée principalement aux adultes qui faisaient une confession publique, au moyen du baptême, où ils affirmaient s’être repentis, avoir cru en Jésus, être morts au péché, et étaient nés de nouveau avec Christ. À partir de ce moment, l’église a continué de baptiser les adultes convertis. Mais, qu’arrivait-il aux enfants des croyants ? 

Deux écoles de pensée ont émergé au cours des vingt siècles qui ont suivi. Les deux trouvent un certain support dans les textes du Nouveau Testament. Quoique des luttes acerbes aient eu lieu entre opposants des deux traditions, la position des méthodistes libres est que les deux positions sont intrinsèquement complémentaires. Chacune d’elles a besoin de l’autre pour être complète au plan théologique.

Les tenants du baptême des enfants soulignent la priorité de la grâce par rapport à la foi. Cette tradition souligne donc que nous venons à Christ grâce à « l’initiative de Dieu ». Ils affirment aussi que les petits enfants de parents chrétiens ont le droit « d’appartenir » à la communauté des croyants.

L’autre école de pensée, qui adhère au baptême des croyants où les adultes sont baptisés et les enfants sont « bénis » ou « consacrés », a placé l’accent sur l’importance de « la réaction du croyant », sur son acceptation de la grâce de Dieu.

Ces deux aspects de la dramatique du salut doivent être liés étroitement si nous voulons obtenir une doctrine globale concernant notre venue à Christ. La tradition qui veut que seulement ceux qui sont consciemment repentants et qui croient en Christ soient baptisés implique une décision libre d’adulte. Elle met l’accent sur la réponse personnelle à Christ, ce qui présuppose la volonté, l’intelligence et la responsabilité. La tradition du baptême des enfants, d’un autre côté, met l’accent sur le fait que Dieu intervient dans la vie des personnes avant qu’elles réagissent et cela tout particulièrement dans la vie des enfants des parents chrétiens. Dieu intervient bien avant que nous répondions à son invitation. Cette tradition tient aussi compte de la dimension communautaire de la vie au sein du peuple de Dieu.

Actes 16.15 nous montre que lorsque Lydia a ouvert son coeur en réponse au message de Paul, elle fut « baptisée avec sa famille ». Paul a écrit : « J’ai encore baptisé la famille de Stéphanas » (1 corinthiens 1.16). Et ce ne sont pas les seuls textes du genre. On pourrait logiquement argumenter que des enfants devaient faire partie de ces familles.

Plusieurs facteurs détermineront laquelle de ces deux traditions contient une plus grande vérité. Ce qui semble moins facile à dénier est que le baptême a une certaine relation (quoique non complète) avec le rite de la circoncision, un rite d’initiation pour devenir membre de la foi juive. La circoncision était exécutée chez les nouveau-nés. C’est pourquoi on dit souvent que si les juifs entrent dans la communauté de l’ancienne alliance en se faisant circoncire, les chrétiens entrent dans la communauté de la nouvelle alliance en se faisant baptiser.

On ne pourrait pas toutefois mettre trop d’accent sur l’analogie entre la circoncision et le baptême. Il existe des différences majeures entre les deux. La circoncision se fait chez les mâles seulement. Il est clair dans le Nouveau Testament que les chrétiens baptisaient allègrement hommes et femmes à partir du tout début (Actes 16.15). De plus, l’alliance dans laquelle on entrait par la circoncision impliquait certains éléments d’identité nationale et raciale qui ne sont pas compris dans la nouvelle communauté.

L’église doit éviter les deux extrêmes. D’un côté, la tradition qui voit le baptême uniquement comme un témoignage de notre foi, ignore l’oeuvre de Dieu qui amène une personne à la foi en Jésus. De l’autre côté, chez ceux pour qui le baptême est perçu comme presque « magique » ignore la volonté humaine, la repentance personnelle et la confiance. L’initiative de Dieu (la grâce) et la réponse personnelle de l’homme (la foi) doivent être maintenus en équilibre. Les méthodistes libres utilisent donc les deux sortes de rituels, dans le but de refléter une image complète du baptême.

Lors du baptême des nouveau-nés, les pasteurs devraient s’assurer que leurs prières incluent des requêtes clairement formulées pour que Dieu amène ces enfants à une foi personnelle qui « implique » toutes les promesses faites par leurs parents à un moment où les enfants, qui « appartiennent à la communauté depuis leur naissance », ne peuvent le faire pour eux-mêmes. Lorsqu’ils consacrent des enfants, les pasteurs devraient s’assurer que leurs prières incluent une gratitude clairement exprimée envers Dieu pour le fait qu’il est déjà à l’oeuvre dans la vie de ces enfants qui « font déjà partie » de la communauté chrétienne.

La foi en Jésus est ce qui est primordial, que ce soit au moment du baptême, si on baptise seulement les adultes, ou au moment de l’affirmation des voeux faits précédemment par les parents, dans la tradition où on baptise les enfants. Cette foi doit être constituée de confiance dépendante et ne pas être uniquement une affirmation cognitive. Voilà le point crucial. Paul va jusqu’à dire que sans la foi et l’obéissance, le rite ancien de la circoncision n’a aucune valeur (Romains 2.25). Cela est aussi vrai pour le baptême. Qu’on utilise un rite ou l’autre, un suivi évangélique bien défini est crucial.

Que font les méthodistes libres ?

Nous pourvoyons un service de baptême ou de consécration. Qu’il s’agisse d’un rite ou l’autre, nous mettons l’accent sur la grâce de Dieu et la nécessité de la foi. Les pasteurs respecteront la préférence manifestée par les parents chrétiens, selon leur conscience. Par l’enseignement et le suivi, nous démontrons qu’aucune de ces pratiques n’a de vertu salvatrice et que les deux rites ne sont appropriés que si les parents eux-mêmes vivent la vie de la foi.

Conclusion

Il est évident que les racines de l’Église méthodiste libre puisent dans la tradition du baptême des nouveau-nés. À travers les années, alors que l’Église a incorporé des personnes dont les consciences avaient été formées dans les deux traditions, elle a accordé aux parents le droit de choisir le service qu’ils préfèrent. L’Église méthodiste libre tente d’épouser les deux dimensions de cette vérité chrétienne.